La ressemblance est frappante, mais les points communs entre le loup et le chien-loup de Saarloos ne s’arrêtent pas à l’apparence. En effet, cette belle race de chien partage le côté réservé, l’instinct de fuite et de chasse de son ancêtre le loup. C’est pourquoi elle nécessite des propriétaires avec beaucoup d’expérience, de patience et de temps.
Apparence : quels sont les point communs du chien de Saarloos avec le loup ?
Cette race de chien néerlandaise, qui porte le numéro de standard 311 auprès de la Fédération cynologique internationale (FCI), ressemble beaucoup à un loup.
En effet, le chien-loup de Saarloos a une silhouette robuste et musclée. Bien qu’il ait l’air relativement court sur pattes, ses membres sont plutôt longs et son corps allongé. Les mâles atteignent une taille imposante de 65 à 75 cm, tandis que la hauteur au garrot des femelles est légèrement inférieure (60 à 70 cm). Selon la taille et le sexe, le poids d’un chien-loup de Saarloos adulte varie entre 30 et 45 kg.
Forte ressemblance avec le loup
La démarche légère et souple, la tête allongée avec des yeux généralement jaunes, en forme d’amande et placés en oblique : le Saarloos a tout du loup, une ressemblance renforcée par la couleur et la texture de la fourrure. Tout comme chez son cousin sauvage, le pelage d’été du chien-loup de Saarlos est très différent du pelage d’hiver : si en été, tout le corps est recouvert d’un poil de couverture, en hiver c’est plutôt le sous-poil dense qui domine et le pelage forme une collerette autour du cou. Avec le poil de couverture, ils offrent alors au chien une protection contre le froid et les intempéries.
Le pelage du chien-loup de Saarloos peut prendre trois variantes de couleurs :
- Robe « gris-loup » : sable ou fauve clair à foncé charbonné
- Robe « brun de forêt » : sable clair à foncé ombré de brun
- Robe « crème » : blanc crème clair à blanc
Sur le plan physique, il n’y a pas de différence entre le chien-loup de Saarloos et le chien-loup tchécoslovaque.
Caractère : les chiens-loups de Saarloos sont-ils craintifs ?
Bien que le croisement avec des loups remonte à plusieurs générations, le chien-loup de Saarloos a conservé jusqu’à aujourd’hui certains de leurs traits de caractère, tels que leur timidité naturelle face à tout étranger, leur instinct de fuite prononcé, mais aussi leur grande réactivité.
Mi-chien, mi-loup ?
Le comportement semblable à celui du loup, qui peut aller d’une timidité naturelle à une peur prononcée, est plus ou moins présent d’un Saarloos à l’autre. Si certains se comportent plutôt « comme des chiens » et sont assez ouverts aux situations nouvelles, la timidité inhérente aux loups prédomine chez d’autres. Cependant, tous les chiens-loups font preuve d’une certaine réserve et d’une certaine prudence ; une caractéristique héréditaire naturelle expressément souhaitée par le standard et dont les (futurs) propriétaires de Saarloos doivent avoir conscience. Les personnes à la recherche d’un chien de famille, très affectueux et proche de l’humain, devraient plutôt se tourner vers un Golden Retriever, un Labrador ou un Carlin.
L’instinct de fuite plus ou moins prononcé, nécessaire à la survie du loup, peut toutefois poser des problèmes chez un chien de compagnie tel que le Saarloos. En effet, un chien qui veut fuir une situation inconnue ou un étranger n’est que difficilement contrôlable par le propriétaire. Dans ces moments de peur, l’instinct naturel de fuite l’emporte sur tout le reste et le chien ne perçoit plus les ordres. Une socialisation complète et une éducation cohérente avec beaucoup d’amour et de patience sont nécessaires pour convaincre ce sensible animal que les personnes étrangères et les situations inconnues ne représentent aucun danger et qu’il peut faire confiance à son maître.
Un compagnon fidèle avec une forte tête
Si un propriétaire réussit à créer ce lien avec son chien-loup Saarloos, il gagne alors un compagnon fiable, ouvert et réceptif aux enfants, aux autres animaux domestiques ou aux visiteurs. D’autres traits de caractère rendent ces chiens-loups uniques : leur fidélité et leur attachement remarquables à leur « chef de meute », leur maître.
Il ne faut toutefois pas s’attendre à une obéissance sans faille. Les Saarloos ont un caractère fier et indépendant et remettent toujours en question le sens des ordres ; ils ne se prêtent pas à des exercices stupides ou aux jeux répétés. En tant que propriétaire de Saarloos, il faut donc faire preuve d’un peu plus d’imagination pour satisfaire et épuiser ce chien exigeant et plein d’énergie.
Comme pour le chien-loup tchécoslovaque, la question du croisement entre chien et loup a soulevé quelques questions lors de la création de la race chien-loup de Saarloos.
Remontons aux années 1930, aux Pays-Bas. L’amoureux de la nature et passionné de chiens néerlandais Leendert Saarloos (1884-1969) aimait ses bergers allemands par-dessus tout, mais il estimait que la race avait perdu trop de caractéristiques naturelles. Dans le but de recréer un type de chien plus primitif et plus apte à devenir un chien de travail, il a croisé le berger allemand mâle « Gerard van der Fransenum » avec la louve sibérienne « Fleuri ». Au cours de cette phase d’expérimentation, il a de nouveau croisé les descendants avec le père et a finalement réduit la part de sang de loup de ses « cobayes » à un quart.
Inadapté comme chien de travail
Au cours d’autres expériences d’élevage, il s’est avéré que ces animaux n’étaient pas du tout adaptés comme chiens de travail. Leur timidité et leur peur n’étaient pas compatibles avec les exigences d’un chien de service ou d’un chien guide d’aveugle fiables. Néanmoins, ces chiens aux caractéristiques proches de la nature ont été reconnus comme une nouvelle race en 1975. Le nom d’origine « Europese Wolfhond » (chien-loup européen) a ensuite été rebaptisé « Saarloos Wolfhond » en l’honneur de son fondateur néerlandais.
Santé : les chiens-loups sont-ils robustes ?
Heureusement, grâce à son patrimoine génétique, le chien-loup de Saarloos a peu de prédispositions aux maladies. De plus, les tests génétiques obligatoires et volontaires des animaux dans les élevages permettent de réduire encore le risque de maladies héréditaires. L’espérance de vie des Saarloos est de 10 à 12 ans en moyenne, mais de nombreux chiens dépassent les 16 ans.
Néanmoins, les maladies suivantes sont de plus en plus fréquentes chez le Saarloos :
- Maladies oculaires : l’atrophie progressive de la rétine, qui entraîne la cécité du chien, ou la cataracte.
- Maladies articulaires : la dysplasie de la hanche et dysplasie du coude. Les autres affections articulaires ne touchent que rarement le Saarloos.
- Myélopathie dégénérative : maladie neurodégénérative qui ne débute qu’à un âge avancé et peut entraîner des troubles de l’appareil locomoteur, parfois jusqu’à la paralysie.
- Nanisme hypophysaire : la glande pituitaire (hypophyse) produit trop peu d’hormones de croissance, c’est pourquoi les chiens ne grandissent jamais et restent à la taille de chiot. En l’absence de traitement, ce trouble hormonal entraîne de nombreuses autres maladies graves, telles que des insuffisances thyroïdiennes, hépatiques et rénales, des paralysies ou des troubles des périodes de chaleurs (chez les femelles). Il n’est donc pas rare que les animaux malades meurent prématurément.
- Épilepsie : crises répétées, sans cause apparente.
Des tests génétiques permettent de déterminer si les chiens ont des prédispositions aux quatre premières maladies mentionnées et à l’épilepsie héréditaire. En excluant de l’élevage les chiens atteints, le risque que leur descendance développe la maladie est minimisé.
Pour que le chien-loup de Saarloos soit en bonne santé tout au long de sa vie des gènes sains ne suffisent évidemment pas. Un élevage et une alimentation adaptés sont d’autres facteurs importants pour un bon développement du chien. Mais quelle est le régime alimentaire le plus approprié pour le chien-loup de Saarloos ?
Il est évident qu’une race de chiens aussi primitive que le Saarloos doit être nourrie en accord avec ses origines. Comme tous les chiens descendent plus ou moins du loup, ces principes valent pour toutes les autres races que nous connaissons.
Le principe de la prédation
Tout comme le loup, le chien est un carnivore. Toutefois, sachez que la viande n’est pas la seule composante du régime alimentaire, car les loups mangent toute leur proie, y compris le sang, le contenu des intestins et les os. Ils mangent également des plantes, des baies et des fruits. Ainsi, les chiens ont besoin de beaucoup de viande, mais aussi de graisses et d’os pour être suffisamment nourris. Une alimentation proche du « principe de la proie » se compose par exemple d’environ 80 % de viande (bœuf, poulet, agneau, gibier ou canard), d’environ 15 % de graisse, d’environ 10 % d’os et de 10 % d’abats.
Des mélanges d’aliments industriels ou plutôt une alimentation crue ?
Pour offrir à leurs animaux une nourriture de qualité, à la composition optimale et riche en nutriments, la majorité des propriétaires de Saarloos optent pour une alimentation crue adaptée à l’espèce. Mais si la nourriture crue, le BARF ou la cuisine maison ne vous conviennent pas, vous pouvez opter pour la nourriture industrielle disponible en supermarché, en animalerie ou sur Internet (croquettes pour chien ou pâtée). Pour qu’elle soit équilibrée et saine, elle doit avoir une haute teneur en viande (de qualité) et ne contenir que peu (ou pas) de céréales.
Éducation : pourquoi la socialisation est-elle si importante ?
La question de l’éducation et de la socialisation du chien-loup de Saarloos est encore plus importante que celle de l’alimentation. En effet, même si cette dernière est essentielle à la santé du chien-loup, le lien que vous créez est primordial. Vous devez lui transmettre un sentiment de sécurité, de confiance et d’assurance afin qu’il puisse s’adapter à la vie quotidienne (qui peut être très perturbante pour ces animaux peureux) et à la vie de chien de compagnie. Une relation de confiance entre vous et votre chien est une condition décisive à une socialisation et une éducation réussies.
Objectif de la socialisation
La socialisation du chiot est d’une importance capitale pour cette race et détermine si le Saarloos deviendra un chien de compagnie ouvert et sociable ou un colocataire craintif, voire agressif et donc incontrôlable. Dans le meilleur des cas, le chien est socialisé en continu entre l’âge de 1 et 4 mois, car contrairement aux chiens non socialisés ou socialisés tardivement, la curiosité prévaut encore sur la peur chez les chiots. En outre, la socialisation permet au chien de se familiariser avec tout ce qu’il rencontrera au quotidien. Il comprendra ainsi que ces personnes, animaux, bruits ou objets étranges inconnus ne représentent aucun danger.
Afin de ne pas surmener le chien et de ne pas l’effrayer, augmentez progressivement les séances d’exercice. Commencez par de courtes balades dans des zones peu fréquentées, puis augmentez la fréquence des sorties en rencontrant de plus en plus de gens ou de chiens. Vous devez également habituer petit à petit et en douceur votre Saarloos aux voyages en voiture et à rester seul. Comme pour beaucoup de choses, il faut surtout faire preuve de patience : ne vous laissez pas déstabiliser par les échecs, mais interrompez calmement l’exercice dans les situations de stress et réessayez plus tard. Même s’il est tentant de calmer votre chien devenu nerveux avec des mots de réconfort ou des caresses, ne le faites pas, car cela ne ferait que confirmer son stress et sa peur. Laissez-le simplement se retirer et se calmer et montrez que vous êtes là pour lui sans l’étouffer. Il apprendra ainsi qu’il peut toujours compter sur vous.
L’éducation du chien-loup de Saarloos est généralement considérée comme difficile, voire impossible. Mais c’est faux. Un Saarloos qui a été bien socialisé dès son plus jeune âge et qui a appris qu’il pouvait vous faire confiance est tout à fait capable d’obéir aux ordres. Il faut toutefois garder à l’esprit que ce chien-loup est très intelligent et indépendant, ce qui l’amène naturellement à « penser par lui-même » et à remettre en question vos ordres. Il faut donc faire preuve de beaucoup d’imagination pour motiver cette forte tête à participer à des exercices d’éducation. Avec des activités et des jeux variés, beaucoup de sorties (au moins deux à trois heures par jour et, de préférence, dans des endroits différents) et un maître disposant de suffisamment de temps, de calme, de patience et d’expérience, l’éducation de l’exigeant Saarloos peut tout à fait réussir.
Élevage : gare aux nouvelles tendances !
Malgré la ressemblance frappante avec le loup, le dernier croisement officiel de chiens-loups de Saarloos remonte à plusieurs générations. En effet, les croisements entre chiens et loups sont aujourd’hui interdits dans la plupart des pays, et pour cause ! Le caractère très craintif et souvent agressif de ces bâtards les rend bien trop incontrôlables et imprévisibles. Pourtant, ces dernières années, une dangereuse tendance des « chiens domestiques plus sauvages » s’est développée dans certains pays d’Europe et aux États-Unis. Sur le marché noir, sur Internet ou sur les réseaux sociaux, des chiens avec une part très importante de gènes de loup sont vendus sous le nom de « chien-loup de Saarloos » avec des faux papiers. La demande pour ces animaux sauvages en tant qu’animaux de compagnie est importante, comme le montrent notamment les prix des chiots, qui peuvent atteindre 3000 euros pour les chiens-loups illégaux. Ces animaux n’ont cependant plus grand-chose en commun avec le chien de race Saarloos, si ce n’est leur apparence.
Les personnes intéressées par un véritable chien-loup de Saarloos doivent donc s’informer correctement sur les différents élevages avant d’acheter un chiot. Les éleveurs sérieux sont enregistrés auprès d’associations ou de clubs canins reconnus et sont soumis aux exigences d’élevage de la FCI. Leur objectif est d’élever des chiens sains au patrimoine génétique dépourvu de toute prédisposition aux maladies. Les éleveurs responsables ont à cœur la socialisation de leurs bébés Saarloos afin qu’ils deviennent des chiens sociables, ni trop timides ni trop craintifs. En outre, ils n’hésiteront pas à vous poser des questions afin de s’assurer que vous prendrez bien soin de leur petit protégé. D’ailleurs, les chiens-loups de Saarloos pure race ne doivent être confiés qu’à des personnes expérimentées dans le comportement des chiens et des loups.
Prix et papiers
Le prix d’un Saarloos de race pure issu d’un bon élevage, parfaitement sain et correctement sociabilisé, se situe généralement entre 1000 et 1200 euros. Enfin, ne sous-estimez pas l’importance des documents attestant de l’origine et du pedigree du chien (le certificat de filiation ADN par exemple). Même si le chiot lui-même est plus important pour vous que n’importe quel papier, ayez à l’esprit que seuls les papiers certifiés par la FCI vous garantissent un élevage responsable et contrôlé, avec des parents en bonne santé et des descendants tout aussi sains et au caractère bien trempé.